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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Ôsugi Sakae 1885-1923 (présentation)
À contretemps, n° 18, octobre 2004
Article mis en ligne le 10 octobre 2005
dernière modification le 12 novembre 2014

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On raconte qu’en 1920 un digne professeur de l’université de Tôkyô, du nom de Morito, fut jeté en prison pendant un an et interdit à vie d’enseignement pour avoir publié une étude sur... Kropotkine [1]. C’est dire si le Japon de l’ère Taishô, impérialement démocratique, savait régler leur compte à ceux qui, sans être anarchistes, manifestaient simplement, comme le professeur Morito, de la curiosité intellectuelle pour leurs idées. Quant aux anarchistes eux-mêmes, ils risquaient carrément leur peau, comme Ôsugi Sakae et Itô Noe, sa compagne, assassinés le 16 septembre 1923.

Au-delà de sa vie aventureuse et de sa fin tragique, Ôsugi Sakae est une figure fondamentale de l’anarchisme japonais très mal connue sous nos latitudes. C’est pourquoi il nous a semblé opportun de publier cette étude que Philippe Pelletier lui consacre, et dont une première version, plus courte, est parue dans le numéro 28 de la revue Ebisu-Études japonaises (printemps-été 2002), sous le titre : « Ôsugi Sakae, une quintessence de l’anarchisme au Japon » [2].

La version longue et remaniée que nous en donnons ici – Ôsugi Sakae, parcours d’un anarchiste japonais – , suivie d’une précieuse bibliographie sur Ôsugi Sakae, le socialisme et l’anarchisme japonais avant 1945, méritait, pensons-nous, l’accueil que nous lui faisons. Elle confirme, en tout cas, l’estime en laquelle nous tenons, en général, les travaux de P. Pelletier sur un sujet qu’il est probablement, comme le prouve le texte que vous lirez ci-après, l’un des rares à maîtriser.

À travers diverses publications récentes parues au Japon, la figure d’Ôsugi Sakae semble faire l’objet d’une redécouverte. On pourra y voir, au choix, soit une manifestation strictement nippone de cette curieuse passion post-moderne et mondialisée pour le revival light soit, comme le suggère très hardiment P. Pelletier, un signe que cette parole libertaire de rupture serait désormais « intelligible » dans un Japon où commenceraient de se distendre les liens de servitude avec un système « en voie d’effondrement ».

Quoi qu’il en soit, il n’en demeure pas moins que le parcours très singulier d’Ôsugi Sakae – de l’individualisme à l’anarcho-syndicalisme – vaut, pensons-nous, d’être connu. Que P. Pelletier en soit donc remercié, et que les lecteurs appareillent pour ce voyage au long cours vers cette Terra Incognita de l’anarchisme japonais. Il est fort à parier, que, comme nous, ils en apprendront beaucoup.


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