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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Contre la réconciliation
À contretemps, n° 43, juillet 2012
Article mis en ligne le 17 juin 2014
dernière modification le 31 janvier 2015

par F.G.

■ DIVERS AUTEURS
LA TRANSICIÓN EN « CUADERNOS DE RUEDO IBÉRICO »
Édition coordonnée par Xavier Diez, prologue de Joan Martínez Alier
Barcelone, BackList, 2011, 464 p.

Depuis quelques années, le récit officiel de la transition démocratique espagnole, longtemps présentée comme un modèle par ses nombreux panégyristes de la presse et de l’Alma Mater, subit quelques remises en cause. Comme si, en ces temps de désastre social annoncé – et constaté –, l’heure était enfin venue de comprendre en quoi et comment cette transition négociée entre la « droite » et la « gauche » assura la réorientation « démocratique » du système d’exploitation et de domination en marginalisant, par avance, toute résistance à ce projet et en criminalisant, si nécessaire, toute alternative de rupture. Dans ce travail de ré-appropriation critique, nul ne peut contester l’importance que revêt, désormais, la redécouverte d’anciennes analyses dont le passage du temps a accru la pertinence. C’est, en tout cas, ce que révèle la lecture de cette opportune anthologie de textes « contre la réconciliation » publiés, au moment même où se tramait ce remodelage, dans Cuadernos de Ruedo ibérico, l’excellente revue dirigée, de 1965 à 1978, par José Martínez Guerricabeitia [1]. Mise en perspective historique dans un subtil prologue de Joan Martínez Alier – qui fut, avec José Manuel Naredo, l’un des pivots de cette dernière époque de la revue –, cette critique in process de ladite transition fait également l’objet d’une étude de Xavier Diez, coordinateur de cette édition. Il en ressort que les analyses proposées par Cuadernos de Ruedo ibérico furent radicalement à contre-courant de l’idéologie dominante d’une époque assez progressiste pour tout gober et suffisamment lucides pour percevoir que, derrière ce paravent démocratique, se jouait, en fait, une authentique transaction afin que, selon le vieux principe lampédusien, tout change pour que rien ne change.

José FERGO