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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Gustav Landauer, un anarchiste de l’envers
Article mis en ligne le 23 janvier 2018
dernière modification le 28 mars 2019

par F.G.



Journaliste, écrivain, activiste politique, commissaire du peuple à l’Instruction publique et à la Culture dans l’éphémère République des conseils de Bavière, avant d’être sauvagement assassiné par la milice, Gustav Landauer (1870-1919) a jeté les bases d’un socialisme libertaire, glissant de la critique du dogmatisme économique du marxisme à une quête spirituelle de la fraternité, de la conception de communes libres fondées sur le principe de la Gemeinschaft à l’idée d’une révolution « ici et maintenant », qui continue d’interroger la pensée anarchiste sans que celle-ci parvienne à l’intégrer à quelque modèle que ce soit. Si bien qu’il pourrait finalement offrir le meilleur exemple d’une pensée libre, ouverte, généreuse, affranchie de tous les dogmes et lucide, dont témoignent les textes et les essais de ce volume collectif, conçu par la revue À contretemps.


SOMMAIRE

Freddy Gomez : Gustav Landauer, un anarchiste de l’envers.

I. Études
Gaël Cheptou : Vie et œuvre de Gustav Landauer : « Pour moi, les morts vivent… ». Helmut Rüdiger : Un socialiste libertaire allemand. Christoph Knüppel : « Sur le sol ferme de la glèbe s’élèvera un jour l’heure de la liberté ». Gustav Landauer et le Mouvement d’implantation communautaire. Michael Löwy : Le messianisme romantique de Gustav Landauer. Guillaume Paoli : Gustav Landauer, Otto Gross, Erich Mühsam : histoires de famille. Walter Fähnders & Christoph Knüppel : G. Landauer et « Les Mauvais Bergers ».

II. Douze écrits « anti-politiques » de Gustav Landauer.
Présentation. 1. Sortir de l’État. 2. De Zurich à Londres. 3. Quelques mots à propos de l’anarchisme. 4. Pensées anarchistes sur l’anarchisme. 5. N’apprenez pas l’espéranto ! 6. Les douze ¬articles de la Ligue socialiste. 7. Que veut la Ligue socialiste ? 8. Par quoi devons-nous commencer ? 9. Les syndicalistes révolutionnaires français. 10. La colonie [1909]. 11. La colonie [1910]. 12. Si les hommes d’État sont faibles, le peuple l’est plus encore !

Note sur l’édition allemande des Œuvres de Gustav Landauer. Bibliographie succincte. Index des noms.

CITATION

« En ces temps épuisés – les nôtres – où tout semble se défaire de l’esprit des anciennes traditions révolutionnaires de transformation sociale et où tout indique que la perspective marxiste progressiste a activement participé de cet anéantissement, l’effondrement de ce qui résiste encore reste la perspective la plus probable d’une époque où le capitalisme total se charge, désormais, de tout, y compris de subvertir en permanence les rigidités morales d’un vieux monde dont aucun espace, même privé, ne doit échapper à sa logique purement marchande. Du coup, aucune alternative anti-capitaliste réellement radicale ne saurait, aujourd’hui, s’éviter d’opérer un retour sur le passé du projet émancipateur pour en retrouver le fil, celui que l’histoire a méthodiquement détissé. En ces temps lointains d’un presque commencement, Gustav Landauer eut, à l’évidence, la prescience de cet effondrement et la volonté de penser, en contre, une perspective soucieuse d’inventer, mais aussi de préserver, toutes les formes d’une vie simplement bonne à vivre. Théoricien complexe de ce socialisme libertaire d’un nouveau type, Gustav Landauer, qui ne doutait pas lui-même de ses propres talents et capacités, ne ménagea pas la communauté des anarchistes de son temps, sa famille. Il lui dit « sa » vérité. Sans s’excuser de l’avoir faite sienne et sans en édulcorer aucun effet perturbant. Avec juste l’espoir secret qu’il pourrait en convaincre quelques-uns, une phalange d’ « êtres libres, moralement forts et maîtres d’eux-mêmes » aspirant à sortir des « sentiers mentaux balisés » (Rocker) d’un anarchisme par trop rivé à deux écueils : le fétichisme de la guerre de classe et le dilettantisme. L’avantage de Landauer, c’était de croire qu’il était parvenu, sur le plan des idées, à résoudre, au mieux de ses aspirations intimes, des questions qui demeuraient, et demeurent encore, ouvertes, comme celle de l’utilisation de la violence. Sa force, c’était d’être capable de préférer la séparation à la confusion – séparation de ce qui rendait à ses yeux l’anarchie inefficiente ou impraticable. On vit, dans sa propension à guerroyer contre les forteresses de la doxa anarchiste de son temps, un côté donneur de leçons, une manie d’intellectuel. Et, au bout du compte, on ignora ses critiques, on caricatura ses propos, on le renvoya à ses lubies prophétiques et antihistoriques. Sans même prendre en compte ce qu’il y avait à prendre, et c’est beaucoup, dans certaines de ses mises en garde et intuitions. Comme de juste, Landauer, anarchiste de l’envers, ne convainquit pas grand monde dans les coursives de l’anarchie de son temps. Et pas davantage par la suite, il faut l’admettre. » (Freddy Gomez)

Le volume est dédié à la mémoire de Monica Gruszka (1948-2016), qui en corrigea les épreuves pour la revue À contretemps qu’elle animait avec Freddy Gomez.

Paris, Éditions de l’éclat, collection « Philosophie imaginaire », coédité avec la revue À contretemps, 15 x 22, 216 pages, 18 euros.
ISBN : 978-2-84162-431-7


ECHOS...

« L’antipolitique anarchiste de Gustav Landauer »
recension de Jacques Le Rider mise en ligne, le 6 juin 2018, sur le site « En attendant Nadeau ».

● Entretien avec Freddy Gomez, coordinateur de Gustav Landauer, un anarchiste de l’envers, dans l’émission Trous noirs de Radio Libertaire du 18 juin 2018.

● « À propos de Gustav Landauer », par Louis Sarlin, La Révolution prolétarienne, n° 801, juin 2018, p. 20).

Recension RP

● Dans le numéro 781 du Monde diplomatique (avril 2019, p. 26), une note de lecture signée Charles Jacquier.