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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Ces « drôles de Français d’Amérique »
À contretemps, n° 38, septembre 2010
Article mis en ligne le 13 décembre 2011
dernière modification le 18 janvier 2015

par F.G.

Michel CORDILLOT
RÉVOLUTIONNAIRES DU NOUVEAU MONDE
Une brève histoire du mouvement socialiste
francophone aux États-Unis (1885-1922)

Montréal, Lux, 2009, 216 p.

Entre 1885 et 1922, quelques milliers d’exilés francophones venant essentiellement de France, mais aussi de Belgique et de Suisse, s’installèrent aux États-Unis. Ces « drôles de Français d’Amérique », dont les prédécesseurs étaient arrivés dès après 1848, n’étaient pas à vrai dire des émigrés tout à fait ordinaires. Républicains, socialistes et anarchistes, ils trimballaient avec eux une part de ce rêve émancipateur dont la vieille Europe avait attisé les feux avant de les recouvrir de la cendre des défaites. L’historien Michel Cordillot – déjà auteur d’un important Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis, 1848-1922 : la Sociale en Amérique (Éditions de l’Atelier, 2002) – nous conte par le menu l’histoire de ces expatriés sociaux qui, sans avoir « jamais constitué un groupe ethnique », formèrent une « nébuleuse militante » de langue française « se réclamant d’idéaux de progrès et de transformation sociale » et agissant « au plan social, économique, et aussi politique pour tenter d’améliorer la vie des plus défavorisés ». Placé dans une première phase sous forte influence anarchiste, ce mouvement social francophone – d’où émergent quelques fortes figures de militants ouvriers, comme celles de l’ancien blanquiste Édouard David ou du jeune Breton Louis Goaziou – s’implante « durablement dans un certain nombre de communautés minières de Pennsylvanie ». Fournie en détails de tout genre sur la vie de cette communauté ouvrière française d’outre-Atlantique, l’étude de M. Cordillot n’omet aucun de ses aspects : la richesse de sa presse, les débats politiques qui l’agitèrent, les rites identitaires qu’elle maintint et les luttes auxquelles elle participa. Avec le temps, et à partir de 1897, l’influence anarchiste stricto sensu commença de péricliter, ses militants les plus influents – dont Goaziou – se ralliant, à travers ses sections de langue française, au jeune Parti socialiste d’Amérique (PSA), fondé en 1901 par Eugène Debs, lui-même d’origine alsacienne.

Gilles FORTIN


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