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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Nationalisme, guerre et capitalisme
Article mis en ligne le 29 avril 2022
dernière modification le 16 avril 2022

par F.G.


■ Quitte à conforter dans leurs foireuses appréciations certains de nos lecteurs assez sottement courroucés par la reprise sur notre site de deux textes quelque peu polémiques originellement publiés sur « Lundi Matin » – celui d’Ivan Segré et celui de Patricia Farazzi –, voilà que nous récidivons aujourd’hui avec celui de l’ami Charles Reeve qui, provenant de la même source, risque de donner raison à ceux qui nous qualifient, au choix, d’ « ultragauchistes », de « pro-poutiniens » ou même d’ « antisémites » (ce qui ne manque pas de sel au vu de notre déjà longue histoire). Pour le coup, que nous soyons ou non d’accord avec tout ce qu’écrit l’auteur de ce texte – notamment sur son appréciation des événements de Maïdan en 2014 –, il a au moins le mérite, estimons-nous, de penser contre une certaine doxa dominante en puisant à des auteurs qui, comme Rosa Luxemburg et Karl Korsch, se situèrent clairement dans le camp de l’émancipation.

La sale guerre poutinienne contre l’Ukraine aurait donc la vertu, aux yeux de certains observateurs pétris de louables et humanistes intentions, de nous obliger à remiser tout esprit critique pour soutenir inconditionnellement le peuple ukrainien et son dirigeant. Au cas où la chose leur aurait échappé, nous leur rappellerons que c’est déjà ce que font nos propres gouvernants, ceux de l’Union européenne et de l’Occident tout entier. Pour ce qui nous concerne, si nous devions soutenir quelqu’un, ce serait, camarades, une nouvelle Makhnovtchina ¬ayant tiré les leçons de l’ancienne et assez lucide pour renvoyer, dans un même mouvement, Poutine et Zelensky aux poubelles de l’histoire en rappelant aux anarchistes de ce temps que, hormis la guerre de classe, il n’en est aucune autre qui ne soit pas par avance maudite. Malheureusement, l’hypothèse n’est pas au programme.

En ce moment d’histoire chargé de lourds nuages, il n’est d’autre manière de résister à l’horreur du réel guerrier et à la pression de l’événement qu’en refusant de nous aligner sur les propagandes étatiques, para-étatiques, médiatiques ou simplement émotionnelles qui, dans tous les cas et de la même façon, nous obligent à choisir entre le camp du Bien et celui du Mal, tels qu’on nous les désigne. Dans cette guerre, aussi sale que toutes les autres guerres de conquête, il y a pour sûr un agresseur – Poutine – et un agressé – l’Ukraine. Mais de là à transformer Zelensky, ses soutiens du FMI et de l’OTAN, et a fortiori le bataillon Azov, en perdreaux de l’année, il y a des limites.

D’où notre refus de nous aligner. Il n’est d’autre alternative, à nos yeux, que de raison critique garder. Quitte à nous attirer les foudres de certains lecteurs, ce que par avance nous assumons. Bonne lecture !

À contretemps

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