A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Du communisme libertaire au socialisme corporatif
Trajectoire de la CNT durant la guerre civile espagnole
Article mis en ligne le 7 mars 2022

par F.G.


■ En des temps que l’histoire enveloppe désormais de son lourd manteau, des femmes et des hommes sont montés à l’assaut du ciel, puisant en elles et en eux-mêmes la force de résister au fascisme tout en cimentant les bases d’un autre monde, libéré de la domination et de l’exploitation. L’aventure espagnole du « bref été de l’anarchie », sans doute portée aussi loin que possible eu égard aux circonstances – et inégalée jusqu’à nos jours –, ils l’ont payée au prix fort, en vies brisées et en années de prison et d’exil. La légende, bien sûr, s’y est nourrie, poussant comme fleur sauvage entre les pavés du mépris. L’histoire et la légende, ils ont tenté de les transmettre, dans un même mouvement, tant elles se mêlaient dans leur propre existence de vaincus.

Il existe bien une mythologie de la révolution espagnole, avec toutes ses figures de rigueur : le peuple en armes, le héros positif, le militant exemplaire et la femme libre. Les libertaires, tous les libertaires, continuent d’y puiser des forces et des raisons d’alimenter, comme l’écrivit le regretté Alain Pessin, cette « certitude que nous pouvons traverser encore des premiers jours de liberté ». La vraie vie a existé en des terres semées d’anarchie. Ce temps-là est irréductible. La flamme brille encore des mille feux du mythe. Elle a été, d’une certaine façon, transmise et – pourquoi le nier ? – sacralisée. Au détriment de l’histoire le plus souvent, de ses dilemmes, de ses paradoxes, de ses hésitations, de ses contradictions, de ses lignes de fuite, de ses avancées et de ses reculs – qu’il est inutile et malvenu de qualifier de « reniements » au prétexte déplorable que, une fois contenue la révolution, la résistance au fascisme n’aurait eu d’importance que relative.

Si nous avons décidé de publier, dans une traduction française de Laura Reverte, ce texte de Miguel G. Gómez, c’est qu’il nous semble esquisser des pistes assez largement ignorées sur une évidente permanence, jusqu’à la défaite finale, d’un certain « possibilisme libertaire » sous influence plus corporative que révolutionnaire attaché à redonner vie, par d’autres voies et jusqu’à l’évidence de la défaite finale, au fameux « concept de communisme libertaire » adopté par la CNT au congrès de Saragosse de mai 1936 qui fut à l’origine d’une révolution sociale de grande ampleur vaincue, mais pas éradiquée, par la coalition stalino-républicaine du camp antifasciste. Bien sûr, personne ne doutera que cette perspective était beaucoup moins exaltante que celle des premiers temps de la révolution espagnole, mais elle atteste au moins d’une certaine ténacité militante à conjurer le sort.

En tout cas, cette expérience des derniers temps de la guerre civile espagnole ne méritait pas de sombrer dans le silence ou le mépris dans laquelle l’a plongée l’historiographie militante.

On trouvera, en fin de texte un PDF de sa version espagnole. Précisons, par ailleurs, que les intertitres et l’appareil critique qui accompagnent cette traduction sont de notre seule responsabilité. – À contretemps.


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