■ Le texte que nous publions ci-après nous est parvenu au lendemain de la manifestation parisienne des Gilets jaunes « contre le passe sanitaire » du samedi 24 juillet. Signé par le CEROS (Convergeons ensemble vers la reprise de l’offensive sociale !), il atteste d’un positionnement qui nous convient assez en ces temps où, de nouveau et comme au début des Gilets jaunes, nombreux semblent être, dans les milieux qui nous sont chers, les réticents.
Depuis deux week-ends éclatent et prolifèrent, dans de nombreuses villes et en plein cœur de l’été, des mobilisations massives contre la dérive autoritaire de l’État macronard. Elles visent les dernières mesures en date de la caste en folie : ses mesures ciblées d’obligation de vaccination de certaines professions, comme les soignants et les pompiers – mais pas la police ! – et l’utilisation liberticide du « passe sanitaire » comme instrument de contrôle social et de surveillance de tous par tous. À droite les bons, vaccinés à deux doses ; à gauche les mauvais, pas encore vaccinés ou « anti-vax ». Pour les premiers, le flux ; pour les autres, le reflux, sauf à présenter la preuve d’un test, bientôt payant, de moins de 48 heures.
La cause de la levée des colères est simple. Elle est juste aussi. À condition de s’en tenir aux raisons qui la motivent : le refus du traçage, du tri qu’il opère, des conséquences qu’il aura en termes de licenciements, de la société qu’il préfigure. Ces raisons sont claires. Il est inutile d’en chercher d’autres en puisant au fonds des passions tristes et du délit d’opinion, en complotant sur le complotisme supposé – et parfois avéré – des manifestants.
Au nom des mêmes réflexes, pointilleux et élitaires, nombre de petits clercs de la juste cause révolutionnaire ou de la Théorie ont longtemps ignoré, quand il en avait le plus besoin, le mouvement des Gilets jaunes. Certains, parfois les mêmes, nous disent désormais que les manifestants d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec les Gilets jaunes d’hier, que ce sont des archéos, des tarés, des primaires. L’histoire bégaie. C’est exactement ce que nos critiques-critiques nous disaient des « beaufs antitaxe gazole ».
Tout mouvement de masse en formation charrie ses contradictions internes. Le peuple est comme il est ; jamais comme on voudrait qu’il soit. La preuve, c’est que des « révolutionnaires » sont capables de le dissoudre quand il gêne, quand il pense avec ses pieds. Ou de faire objectivement cause commune avec ceux qui le répriment.
Tout l’appareil médiatique du discrédit a recommencé à frémir depuis quinze jours. Avec la même hargne que contre les Gilets jaunes, en s’instaurant garant de la morale publique – celle qu’il piétine chaque jour en mentant sans compter sur tous sujets –, en confondant Philippot avec un insurgé social, en se saisissant des maladresses, crétineries ou provocations de certains manifestants pour y voir la preuve tangible de la perversité d’un mouvement travaillé, au choix, par l’ultra-droite ou « l’ultra-gauche » – ou les deux en même temps. Incapable de tirer la moindre leçon de la perte de crédibilité que lui a value son ignoble traitement du mouvement des Gilets jaunes, il remet le couvert en remplaçant la cuiller par la louche.
Selon la vieille méthode propagandiste, plus c’est gros plus ça doit passer. Le problème, c’est que ça ne passe plus. Désormais, la seringue des colères déborde, et le rhinocéros ne craint plus rien. Il avance à son pas. Il sait que rien ne changera la donne hormis la détermination de celles et ceux qui, n’attendant ni sauveur ni tribun, ont à cœur de ne se laisser diriger par personne. Le mouvement des Gilets jaunes a cet avantage de coaliser sans exprimer aucune volonté de contrôle sur ses membres. Chacun s’y exprime à sa mesure, à sa manière et à son rythme. Cela nous convient. Nous en sommes.
Ce qui monte depuis quinze jours, c’est une houle. Que des politicards d’extrême droite ou des illuminati de tous égouts cherchent à instrumentaliser le désarroi des écœurés, refoulés, réprimés, éborgnés de la Macronie, c’est une chose. Qu’ils y parviennent, c’en est une autre.
D’un week-end à l’autre, le tri s’est déjà opéré, comme cela s’était passé au sein du mouvement des Gilets jaunes des origines. C’est même ce qui a fait le caractère exemplaire et dynamique de ce mouvement, sa capacité à se défaire de ses parasites. S’il reprend vigueur, comme il semble, plus il aura d’amis, si possible « révolutionnaires » mais sans prétention à le contrôler, plus il sera en capacité de garder son cap. Avis aux amateurs ! Le train de l’histoire passe vite pour qui hésite trop à le prendre.
Hier, à Paris, Philippot et ses nains de jardin ont réuni un petit millier de personnes sur le parvis du Trocadéro quand la manif des Gilets jaunes, impressionnante de force et de détermination, a battu le pavé parisien dans un esprit de retrouvailles. C’est là que ça se passait, dans cette noria colorée où les « Ahou ! Ahou ! Ahou ! » et les « On est là, on est là ! » sauvèrent encore une fois « l’honneur des travailleurs ». On a beau dire, ça faisait du bien, ce bien qui naît du sentiment des connivences partagées et des fraternités agissantes.
Et puis, qu’on se le dise entre nous, c’est rien de reprendre un temps les Champs-É. pour être douchés par les canons à eau de la flicaille, mais c’est tout de comprendre que rien n’est impossible aux audacieux. Et nous le fûmes.
À une prochaine !
CEROS !
(Convergeons ensemble vers la reprise de l’offensive sociale !)