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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Misère de la collapsologie
Article mis en ligne le 19 octobre 2020
dernière modification le 22 octobre 2020

par F.G.

■ Renaud GARCIA
LA COLLAPSOLOGIE ou l’ÉCOLOGIE MUTILÉE
Paris, L’Échappée, coll. « Pour en finir avec », 2020, 160 p.

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On sait que l’effondrement du bloc dit « socialiste » ne signa pas la « fin de l’Histoire » annoncée par les propagandistes du capitalisme unifié. On sait aussi que, passée l’euphorie des premiers temps de la marchandisation généralisée du monde, il fallait être un fieffé décérébré néo-libéral pour accorder le moindre crédit à cette mystification. On sait enfin que, désormais, la multiplication des révoltes logiques, populaires et massives contre la marche désastreuse de ce monde collapsé atteste du caractère risible de la prévision. De fait, le consensus idéologique sur lequel elle reposait depuis le « dernier homme » de Fukuyama est en train de finir de voler en éclats sous nos yeux.

En parallèle – et dans une perspective assumée comme progressiste – l’impensé postmoderne a méthodiquement organisé, à grand renfort de relativisme et de déconstruction façon puzzle, et ce depuis quatre bonnes décennies, l’oubli de l’histoire, son effacement programmé et l’enseignement de son ignorance. Avec une particulière insistance dans le gommage systématique des antagonismes sociaux, la « lutte des classes » en somme, remplacée, au nom de la lutte « contre les dominations », par la valorisation sans limites des conflits d’identité ou de culture. On ne dira jamais assez ce que le néolibéralisme doit aux universitaires déconstructionnistes dans la mise en place de son dispositif de nucléarisation des résistances à son monde et de médiocratisation généralisée des consciences. Avec ce correctif, cependant : il semble que, par les temps qui courent – et pour le dire comme Emmanuel Todd –, « en haut le taux des crétins diplômés augmente [alors qu’] en bas l’intelligence progresse » [1] depuis que les Gilets jaunes ont réinvesti avec fougue le champ social. La question de la médiocratisation, cela dit, reste entière si l’on s’intéresse aux réseaux militants de la postmoderne écologie politique, dont les collapsologues sont aujourd’hui l’une des composantes.

Avec ce nouveau livre, Renaud Garcia poursuit le démontage de ces mystifications postmodernes très influentes en milieu alternatif, tâche initiée avec succès dans son très utile Désert de la critique [2], qui marqua sans doute un point d’inflexion dans la valorisation faussement émancipatrice d’une idéologie parfaitement adaptée aux projets du techno-capitalisme tel qu’il est devenu en matière d’artificialisation du monde. Ce Désert fut ici salué pour ce qu’il valait : une réhabilitation des fondamentaux d’une critique sociale digne de ce nom contre l’idéologie du néant d’une postmodernité triomphante.

« Un spectre hante la critique sociale : celui de sa destruction programmée, avec celle du monde qu’elle s’est évertuée à comprendre depuis deux siècles. » C’est sur cette phrase inspirée de l’accroche molto vivace du jeune Marx du Manifeste que s’ouvre La Collapsologie ou l’écologie mutilée. Au vrai, la comparaison avec le grand ancêtre s’arrête là tant Renaud Garcia cherche à maintenir son essai éminemment critique dans le même registre que son Désert de la critique, fermement argumenté mais mesuré. Comme si le pamphlet n’était décidément pas dans sa manière malgré son attachement, revendiqué dans presque tous ses écrits, à la critique situationniste, essentiellement debordienne, et à son prolongement, dans une veine littéraire-catastrophiste, par L’Encyclopédie des nuisances (EdN).

Pour le cas, il y a sans doute une autre raison qui a plus à voir avec une stratégie de persuasion. L’auteur semble, en effet, si convaincu de l’influence que les thèses « effondristes » des collapsos exercerait aujourd’hui sur les jeunes consciences écologistes – d’Extinction Rebellion ou de Youth for Climate, par exemple, pour ne citer que ces deux entités activistes-là –, qu’il préfère les combattre sur le fond plutôt que de mépriser celles et ceux qui s’en réclameraient ou s’en inspireraient. Sur ce point, il n’a pas tort, car il n’est pas niable que l’ « effondrisme » produit un discours – d’émotion plus que de raison, on le verra –, qui, dans une situation d’urgence, de compte à rebours, contribue largement à conscientiser – plus qu’à politiser – une jeunesse objectivement condamnée à subir toutes les catastrophes écologiques à venir. Au vu des échos et des actions que ces thèses suscitent et qui inspirent des combats, le principal reproche qu’on adresse aux collapsos, le même qu’on adressa aux « catastrophistes » de l’EdN d’ailleurs, à savoir l’effet démobilisateur qu’aurait leur discours, se révèle, en effet, inopérant à le critiquer sur le fond. Les assimiler, sans plus, à des survivalistes – même si certains le sont, et plutôt beaucoup –, participe de la même volonté disqualifiante, mais elle ne fait pas davantage avancer la cause de la critique argumentée, qui est bien celle de Renaud Garcia.

Mais qu’est-ce que la collapsologie, et d’où vient-elle ? Ce néologisme a été formé par deux chercheurs aux sympathies libertaires un temps affirmées – Pablo Servigne et Raphaël Stevens –, auteurs d’un livre à succès publié en 2015, Comment tout peut s’effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes [3]. Leur livre s’inspirait des travaux de l’anthropologue et historien américain Joseph A. Tainter, auteur The Collapse of Complex Societies [4] (1988), et de Jared Diamond, géographe et anthropologue également américain, auteur d’un best-seller fort contesté par la communauté scientifique, Collapse : How Societies Choose to Fall or Succeed [5]. « D’abord utilisée par ses créateurs comme une sorte de boutade », nous dit Renaud Garcia, la collapsologie se cherche désormais une légitimité comme « exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait lui succéder » (Servigne-Stevens [6]). C’est un dispositif en construction, efficace, emballé comme scientifique, qui, en l’espace de quelques années, a trouvé les relais médiatiques dont il avait besoin, le soutien militant d’une infinité de groupes insérés dans des expériences concrètes de réappropriation de la terre, la sympathie active d’écologistes dits radicaux et le concours de certains intellectuels d’influence comme Bruno Latour, Jean-Pierre Dupuy, Edgar Morin, Naomi Klein et beaucoup d’autres. En clair, la collapsologie prospère sur les ruines à venir d’un monde dévasté où il s’agirait de survivre en se réinventant si possible comme « terrestre ».

« La collapsologie, note Renaud Garcia, semble renforcer cette impression de militer à l’ombre des catastrophes qui, il y a encore quelques décennies, était l’apanage des écologistes. » Avant de préciser : « Pourtant, quelque chose ne va pas ». Et ce quelque chose, c’est, nous dit-il, « la nature du lien ambigu qu’entretient la collapsologie avec la critique de la “civilisation” industrielle », cela même qui fait d’elle une « écologie mutilée » favorisant « un réagencement inespéré des conditions générales du spectacle ». La critique peut sembler sévère, mais elle fait d’autant plus mouche que Renaud Garcia s’attelle, avec succès, à démontrer, preuves à l’appui, en quoi l’ « effondrisme » des collapsos contribue à faire d’eux des « agents de l’oubli » de « ce que la pensée critique a bâti de meilleur depuis les années 1960 ». Privé de toute référence historique, son discours est « foncièrement inconsistant » – « amibe », aurait dit Ivan Illich –, sans charpente, lénifiant, attrape-tout.

À lire les productions des collapsos, et cela nous arrive, on ne peut être, en effet, que frappé par leur moralisme intrinsèque qui, plus qu’un trait d’époque – celle qui inventa déjà, dans la déroute des espérances révolutionnaires de la sinistre décennie 1980, le concept de « génération morale » en louant l’humanitarisme apolitique à deux balles de la pragmatique jeunesse de son temps –, révèle, de la part des plus très jeunes porte-voix de l’effondrisme, une curieuse incapacité historique (ou plus simplement une gêne) à penser le monde techno-capitaliste dans ses contradictions internes et les résistances sociales chaque fois plus nombreuses qu’il suscite. Au point de devoir constater que, dans un nouveau moment de l’histoire où l’idée-révolution et la perspective communiste – au sens d’une communauté humaine émancipée des nuisances du techno-capitalisme – semblent à nouveau faire sens en opérant, au moins imaginairement, un retour en grâce du principe d’égalité, la difficulté des collapsos à désigner clairement le système d’exploitation mondial (et la folie d’accumulation qui le caractérise) comme responsables du grand effondrement à venir en dit beaucoup, nous semble-t-il, sur les limites et les impasses de leur démarche. Comme Renaud Garcia, on y voit pour beaucoup l’expression d’un positionnement purement tactique de type politicien qu’Aurélien Barrau, astrophysicien et décroissant, eut le mérite de formuler à sa manière : « Si l’on pose la déconstruction [sic] du capitalisme comme prémisse, on perd d’emblée 80% des gens. [7] » Mais plus encore qu’une visée fédératrice ou une volonté de faire multitude, cette aspiration au vague, ce recours à l’émotion, aux affects et aux contre-affects qui affleurent dans tous les écrits de la très médiatique collapsologie, en disent beaucoup sur le public dont elle a fait son double cœur de cible : d’une part, la génération montante des futurs effondrés qui, souvent issus des classes moyennes hautes, se dressent contre leurs parents pour ne pas avoir su leur léguer une planète digne de ce nom ; de l’autre, leurs géniteurs déjà effondrés sous le poids de leur culpabilité. C’est en cela que, déconnectée de toute inscription dans la véridique histoire des causes et des effets produits par un système dont elle ne dit pas le nom, la part de vérités partielles qu’énonce la collapsologie est aussi « un moment du faux » dans le spectacle des catastrophes à venir.

Pour Renaud Garcia, la question se pose, en effet, du pourquoi les principaux penseurs-animateurs de la collapsologie s’en tiennent – à l’exception notable, et remarquable par sa démarche, du géographe Renaud Duterme [8] –, à un tel niveau de retenue en matière de critique du techno-capitalisme. On pourrait avancer l’hypothèse selon laquelle les collapsos ayant acquis la conviction que l’effondrement de l’écosystème est à court ou moyen terme certain, la question du devenir historique techno-capitaliste de notre monde deviendrait mécaniquement secondaire, voire obsolète, au prétexte que, « tout étant lié » (Servigne), il s’effondrera avec lui. Mais c’est précisément là que le bât blesse puisque rien ne dit que ce système d’exploitation, qui a survécu à nombre de catastrophes qu’il a lui-même provoquées au siècle dernier – deux guerres mondiales dévastatrices, entre autres –, ne survivra pas, sous une autre forme et dans une nouvelle configuration, à la fonte du permafrost. D’où notre inclinaison à nous en tenir, par pure raison pratique, à l’intuition de Walter Benjamin – « Le capitalisme ne mourra pas de mort naturelle » – en comptant plutôt sur nous-mêmes pour l’achever que sur l’hypothétique effondrement qui viendrait. Ou encore à répéter sans fin, comme Renaud Duterme, que « la logique capitaliste, l’accaparement des richesses et l’explosion des inégalités sont les causes fondamentales de l’impasse dans laquelle nous sommes » [9] et que, non contrariée et si possible inversée, cette logique peut conduire à l’effondrement du vivant.

« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », disait Camus. En faisant à ce point l’impasse sur un système de production aussi destructeur que celui qui ravage déjà nos vies, la collapsologie s’est sans doute mise d’elle-même dans la situation de muter en collapsosophie, autrement dit d’une supposée science de l’effondrement à une spiritualiste philosophie de la sagesse susceptible de préparer les futurs effondrés à passer l’épreuve. Cette mutation est étudiée dans le détail par Renaud Garcia, et il faut bien admettre que, là encore, sa critique fait mouche en révélant comment et pourquoi « la dimension politique des idées » et « leur force de contagion utopique » ont fini par céder le pas à un bazar psychologisant censé « rapiécer no[s] âme[s] délabrée[s] » par la perspective de la fin du monde. Si, comme l’affirme l’auteur, « éclipse de la raison » il y a dans la démarche effondriste, en atteste vivement cette prétention de la collapsosophie à mettre en place un dispositif supposément thérapeutique de gestion (au vrai sens du terme, c’est-à-dire payant [10]) des passions négatives – angoisse, déréliction, abandon – provoquées par l’apocalyptique constat collapsologique.

C’est dans ce mouvement que s’inscrivent toutes les initiatives collapsologiques reliées à la deep ecology américaine que Renaud Garcia liste avec consternation. En fait, ce folklore n’est pas innocent. Il atteste, et l’auteur a raison de le pointer, le triomphe de cet « imaginaire narcissique » que Christopher Lasch a si méticuleusement exploré [11] et qui, fondé désormais sur le « catastrophisme éclairé » d’un Jean-Pierre Dupuy [12], s’impose comme norme comportementale obligée dans certains milieux activistes post-écolos portés à la méditation, à l’effusion dépressive collective et à l’accompagnement émotionnel de groupe. On pourrait n’y voir là encore qu’un fait d’époque, assez révélateur de sa vacuité, et ce ne serait pas faux, mais insuffisant pour comprendre en quoi ce retour d’une forme de pensée magique destinée à armer ses adeptes pour une vie d’après l’effondrement – que la collapsologie relie à une renaissance d’une entraide édulcorée de toute substance émancipatrice – participe, en réalité, d’une authentique régression vers une forme d’irrationalité écologique postmoderne dont on peut déjà mesurer les effets dévastateurs sur la pensée critique de quelques-uns de ses adeptes.

Il suffit pour s’en convaincre de lire avec attention – et il en faut pour s’y retrouver – les remarques acérées de Renaud Garcia sur « l’hypothèse Gaïa » du cybernéticien (et déjà centenaire, comme quoi l’effondrisme conserve) James Lovelock. Cette « déesse Nature » (ou « Terre-mère » ou « système-Terre ») ferait aujourd’hui, aux dires du très abscons Bruno Latour, irruption dans le champ politique. Soit. « Pour les écologistes “gaïens”, écrit Renaud Garcia, être terrestre revient à aimer les monstres que nous avons nous-mêmes créés », les innovations technologiques notamment, et d’abord celles qui permettront aux post-humains sans nature, ces cyborgs d’un futur proche que seront devenus les escapistes collapsos, de réguler sans faille une planète effondrée mais devenue intelligente. Pour parler comme Renaud Garcia, l’ « hypothèse Gaïa » reviendrait, en effet, à travers le prisme de Latour et consorts, à « ramener la Terre à une sorte de gigantesque homéostat (un dispositif autorégulateur avec entrée et sortie), dont quelques ingénieurs très doués, eux-mêmes concepteurs d’ordinateurs ultra-perfectionnés, détiendraient les clés ». Tu parles d’un bonheur ! Il y a bien du Teilhard de Chardin [13] dans cette cosmogénèse latourienne en vogue. Et une même fascination que celle qu’éprouva le père jésuite pour le nuage d’Hiroshima où il crut voir Dieu. L’aspiration bien teilhardienne à une organisation enfin scientifique d’une société où, pour parler comme Latour, « la technique [serait] la civilisation même » [14] a déjà de quoi susciter le recul. Mais savoir d’avance que seul un happy collapse pourrait permettre d’assumer pleinement les « sciences de la complexité » en en confiant les manettes aux docteurs Frankenstein de la nouvelle « noosphère » devrait régler définitivement la question : plutôt sombrer dans le maelstrom de la fin du monde que de survivre dans cette Gaïa d’enfer.

Dans son précédent essai, Le Sens des limites, Renaud Garcia, assumant la référence husserlienne au « sursaut philosophique », se réappropriait le concept du « monde-ambiant de la vie » qu’il rapportait à « tout ce qui est du domaine du proche, du concret primordial, et qui fait l’objet d’une expérience immédiate chez chaque individu sous la forme des affects », mais avec l’intention de le détourner « à des fins sociales » susceptibles de créer des « réserves de résistance potentielle » au monde tel qu’il n’allait pas, et notamment au « fétichisme de la marchandise » [15]. Cette démarche phénoménologique critique lui permit de saisir assez vite la nature potentiellement évolutive et objectivement radicale d’un mouvement aussi inattendu que celui des Gilets jaunes [16]. À la différence, notons-le, des collapsos, qui s’en tinrent globalement à distance, mais aussi des théoriciens de la « critique de la valeur » – qui le traitèrent par le plus surplombant des mépris, mais dont Renaud Garcia continue étrangement de vanter les mérites [17]. À chacun ses fascinations, après tout.

À quelques réserves près, donc, la thèse qu’il défend dans son dernier opus est convaincante. Il la résume ainsi en conclusion d’ouvrage : « À travers la collapsologie, l’écologie parvient aux jeunes générations – et aux moins jeunes – sous une forme mutilée. La voici dégradée en caution intellectuelle et morale des mutations à venir du système industriel. Ce même système auquel elle prétendait jadis s’opposer. » Ce « elle » désigne l’écologie défendue par le passé par une cohorte de penseurs qui firent « tradition intellectuelle » et qui, parfois contradictoirement, participèrent dans leur « refus de parvenir » d’un même esprit et d’une même humeur « anarchiste ».

Renaud Garcia, c’est clair, est un nostalgique de ces temps où seul « importait l’effort vers la vérité pour que chacun, ensuite et à sa mesure, fasse son compte ». Les références qu’il retient (et qui ne posent que « quelques jalons », précise-t-il justement) – Landauer, Simone Weil, Orwell, Camus, Mumford, Ellul, Charbonneau, Illich, Jaime Semprun, Bookchin – sont toujours bonnes à prendre, en effet, pour sortir de « l’arasement de la pensée », du vol de nos langue, culture et sensibilité, « y compris lorsqu’il s’agit de nous raccorder au grand “réseau” du vivant ». Et de conclure par un rappel de fidélité : « Contre toutes les machinations, mais aussi contre les élans délirants des masses en fusion et les religions de substitution, nos morts ont sans cesse défendu l’individu “campé sur la terre solide et bien ronde, vivant en communauté constante avec toutes les forces de la nature, l’homme réel en chair et en os” ». Oui, le jeune Marx des Manuscrits de 1844 nous inspirera toujours davantage que la prose des collapsos ! Oui, nos morts sont souvent plus vivants que les vivants !

Ce livre est à lire, on l’aura compris. Les yeux bien ouverts, avec attention et sans urgence.

Freddy GOMEZ


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