■ Abel PAZ
DURRUTI, UN ANARCHISTE ESPAGNOL
Paris, Quai Voltaire, 1993, 504 p.
Il est des spécialistes en tout genre, du cholestérol alimentaire, de l’usage du fer aux temps des Doriens, de la cornemuse écossaise ou du Hoggar saharien. Abel Paz, lui, est spécialiste de Buenaventura Durruti. On le dit. Il le croit. Personne ne songera à lui contester son titre de gloire, mais seulement celui d’historien. Car la question reste posée : être ou ne pas être ? Faire œuvre d’histoire, même d’un point de vue militant, c’est faire la part des choses, traquer la faille, avancer des hypothèses d’interprétation, sortir du lieu commun de la propagande. On aura compris que Paz en est loin. Pour lui, Durruti, c’est un peu la statue du Commandeur, le seul type d’anarchiste espagnol authentique, l’ennemi de toute déviation idéologique, le nec plus ultra de l’Idée incarnée. Soit. C’est un point de vue, mais il y a quelque outrecuidance à entretenir la confusion sur le genre qu’on pratique. Qu’on ne se méprenne pas, la qualité d’historien n’est pas affaire de titre universitaire, mais de rigueur, et, pour rester dans la période et l’objet qui nous occupent, Brenan et Peirats l’ont amplement prouvé.
Les figures légendaires, à vrai dire, sont toujours encombrantes. Les mythes ont valeur de vérités révélées. On ne sait ni comment les prendre ni, a fortiori, comment s’en débarrasser. Ils sont là, chevillés à nos imaginaires défaillants, occupant toute la place de nos frustrations et de nos manques. Chez les anarchistes, Durruti, c’est l’icône même, le pur, l’incorruptible, l’ange noir. Il est l’homme d’action que nous ne serons jamais, l’illégaliste que nous aurions aimé être, le fougueux combattant de l’Aragon libertaire que nous ne verrons plus. Il est l’Anarchie faite homme. Paz, qui avait seize ans quand Barcelone se lançait à l’assaut du ciel et qui, comme d’autres, en est resté marqué pour la vie, semble retrouver, à travers son Durruti, la figure éternelle du père tant aimé. Les orphelins le comprendront, et orphelins nous le sommes tous.
Au fond, la tâche est peut-être impossible. L’adhésion à la figure légendaire est peut-être désormais trop forte pour que l’Histoire passe. Au fond, Durruti, c’est peut-être l’autre nom du rêve, cette part de soi qui demeure à jamais quand on a abdiqué sur tout. La révolution espagnole, la plus profonde de tous les temps, la plus belle aussi, ne pouvait pas vaincre : elle avait trop d’ennemis. Cernée de toutes parts, elle s’est aussi effondrée de l’intérieur, victime de son isolement et de ses contradictions. Le paradoxe a voulu que ce temps fort de l’anarchisme signifiât aussi, pour partie, sa fin comme théorie et mouvement révolutionnaire de masse. De ministres anarchistes en chefs de corps d’armée, il a, là, en cette terre d’Espagne qui le porta au zénith, sombré corps et âme dans le pragmatisme antifasciste. Rattrapé par la réalité, il s’est, pour les plus compréhensifs, adapté aux circonstances ; il s’est trahi, pour les plus sévères. Le souffle, grandiose, aura duré six mois. Durruti l’a porté jusqu’à sa mort, mystérieuse, en novembre 36, sur le front de Madrid, quand le pire était à venir. Dans les décombres de l’illusion lyrique, sa figure surnage comme la preuve d’un possible. Sa mort, en quelque sorte, l’a sauvé du naufrage et figé dans la cire des héros. C’est une explication à la légende.
Le Durruti d’Abel Paz constitue un triptyque, divisé en trois fresques d’égale importance : le révolté, le militant, le révolutionnaire. Des années de formation à la mise en terre catalane du héros prolétarien, Paz, pierre à pierre, construit le mausolée, accompagnant le mythe sans jamais le questionner. Tout est lumière dans la trajectoire, tout s’emboîte, sans doutes ni contradictions. Tout est dit dès la vingt troisième page d’une épopée qui en contient 500 : « On lui reprochait son impatience [il a dix-sept ans et vient d’adhérer à l’UGT] et on lui prêchait la modération. Lui répliquait : "Le socialisme est actif ou il n’est pas." Il soutenait que l’émancipation de la classe ouvrière ne pourrait s’obtenir que grâce à une lutte féroce contre la bourgeoisie, à une action révolutionnaire qui ne cesserait qu’à la destruction complète du système capitaliste. » Trois cent quarante pages plus loin, alors que Durruti a quarante ans et qu’il est sur le point de partir pour Madrid, Paz commente : « D’autres hommes tenaient le même langage que Durruti, mais il subsistait une différence que le peuple percevait. Chez Durruti, la théorie et la pratique s’alliaient parfaitement. » La boucle est bouclée. Il sera dit que Buenaventura était un homme d’exception, ce qu’il était sans aucun doute. De là à en faire un surhomme, il y a un pas que ne franchirent pas certains de ses propres compagnons. Ils devaient avoir l’admiration moins grandiloquente ou, plus simplement, un certain sens de la mesure dans le jugement.
La vision romantique de l’anarchisme espagnol, véhiculée dans bien des Mémoires de militants de l’époque héroïque, a toujours l’inconvénient de réduire l’histoire du mouvement, riche de ses contradictions et multiple, à une affaire d’hommes où, en fin de compte, la complexion des individus aurait eu quelque chose à voir avec la justesse idéologique de leur combat. On pourrait y voir un trait de l’idiosyncrasie ibère, ce machisme mâtiné de sens de l’honneur, où tout finit toujours par se mesurer à la taille des cojones. J’exagère ? À peine. À n’en pas douter, le courage physique entre pour beaucoup dans la construction du mythe de ce Durruti indomptable. Il a fait sa réputation, et elle était déjà grande de son vivant. Dans cette histoire singulière, les périodes de clandestinité qu’a traversées le personnage ont joué un rôle amplificateur, facilitant même parfois un certain délire interprétatif de la part de ses biographes. À défaut de traces réelles, on peut toujours en inventer. Paz, dont le travail de recherche n’est pas en cause et qui, généralement, cite ses sources, utilise abondamment le témoignage sans jamais mettre le lecteur en garde sur le phénomène de reconstruction des faits qu’il peut induire. Si le témoignage contribue à l’Histoire, il ne la fait pas ; il éclaire, il ne prouve pas. Cette distance nécessaire de l’historien pour ce matériau si fragile, Paz ne la garde pas. Ici, le témoignage sert de justification à une thèse préétablie : Durruti était le courage, la probité, la fermeté idéologique et la passion révolutionnaire mêmes. Son histoire le corrobore, l’histoire que l’auteur compose de façon acritique et sur des bases souvent instables.
« Le souvenir que je conserve de Durruti, disait José Peirats, est celui d’un homme profondément humain, généreux et sentimental. J’estime que son trait de caractère dominant était plus la noblesse que la passion du risque » [1]. Cette dimension simplement humaine du militant est presque absente du portrait qu’en tire Paz. Son propos est ailleurs : s’il se livre à un tel exercice d’admiration, si Durruti le fascine à ce point, c’est que la figure du héros colle à ce qu’il faut bien appeler un parti pris idéologique dominant. Paz ne cache pas ses sympathies pour l’activisme insurrectionnel et le volontarisme anarchiste des années trente, cette « gymnastique révolutionnaire » définie par García Oliver et portée à sa plus haute expression par le groupe Nosotros. En soi, le point de vue n’est pas choquant – il en vaut un autre ; ce qui gêne, c’est l’incapacité de l’auteur de l’exposer contradictoirement, sans le caricaturer et sans distribuer les bons et les mauvais points. L’ouvrage de Paz simplifie, par exemple, à l’extrême le débat important qui traversa le mouvement libertaire au lendemain de la dictature de Primo de Rivera et qui, pour l’essentiel, portait sur les méthodes et la ligne stratégique que devait adopter la CNT sortie de l’illégalité. Il se contente de constater, sans jamais chercher à l’expliquer, un saut qualitatif dans la victoire des radicaux sur les syndicalistes. Or, à défaut de caractériser avec nuance et précision la réalité interne de la CNT de cette époque, le clivage entre « possibilistes » ou évolutionnistes et radicaux ou révolutionnaires n’est pas lisible. Les « trentistes » avaient tort, les « faïstes » avaient raison, nous dit plus ou moins Paz. L’ancienne dichotomie réformisme/radicalisme a l’avantage de la schématisation, mais elle n’explique pas grand-chose. En l’occurrence, les « trentistes » ne couvraient pas, et de loin, tout le champ syndicaliste. De la même façon, les « faïstes » n’étaient pas tous, et d’aussi loin, des insurrectionnels. Paz balaye toute problématique d’un revers de main. Les prétentions avant-gardistes de la FAI et sa volonté de contrôle sur la CNT ? « Fable », mauvais procès intenté par le réformisme. Les échecs répétés de la stratégie insurrectionnaliste ? Le but n’était pas de vaincre, mais d’habituer le peuple à la lutte, de « l’émouvoir », écrit assez étrangement Paz à propos de l’insurrection de Figols. De certitude en certitude, il évacue les bonnes questions : celle de la drôle d’articulation entre le groupe Nosotros et la FAI – Peirats, puis García Oliver affirment que le groupe n’a jamais appartenu à la FAI, qu’il était une « FAI bis » à lui tout seul ; celle de la relation entre les trois mousquetaires du groupe (Ascaso, García Oliver, Durruti) et du rôle que chacun d’eux assumait ; celle de l’influence du groupe, et plus particulièrement de Durruti, dans la décision de mettre un bémol à l’anti-électoralisme cénétiste en février 1936 ; celle de la caractérisation idéologique du groupe, dont il ne suffit pas de dire qu’il fut défini « à tort comme anarcho-bolchevique » sans creuser davantage la question. On dira que Paz n’a pas la prétention de faire l’histoire de la CNT, mais d’écrire celle de Durruti. L’argument ne tient pas, et il tient d’autant moins que le propre Paz fait de Durruti l’archétype de l’anarchiste espagnol. Traiter de façon si légère, si peu argumentée et si partisane les questions de principe, de méthode et d’organisation qui sont au cœur de la vie militante du personnage relève, au mieux de l’à-peu-près, au pire de la faute.
Pour l ’anarchisme espagnol, la révolution constitua l’épreuve des faits. En l’état de la recherche historique, nul doute n’est désormais permis quant à ses erreurs. Elles découlent, toutes, d’un choix délibéré qui opéra aux premiers jours du mouvement révolutionnaire : la collaboration avec les différentes forces du camp républicain. Le « circonstantialisme » était né de la révolution elle-même. Les « élites » de la CNT-FAI, quelles que fussent les nuances ou divergences exprimées, s’y sont coulées, au propre et au figuré. Leur grande naïveté politique, leur isolement international, leur peur de l’abîme, l’événement révolutionnaire même sont autant d’explications de l’attitude adoptée. Elle fut cependant presque unaniment revendiquée et, de fil en aiguille, assumée jusqu’à la déroute finale. Avec le recul de l’Histoire, il ressort, à l’évidence, que ces « élites » ont objectivement creusé la tombe de l’anarchisme. Reste posée et non résolue la question des « circonstances ».
L’analyse que nous propose Abel Paz de cette période rejoint, en bien des points, celle de Vernon Richards et de Carlos Semprún Maura [2]. On peut la résumer ainsi : les « élites », soit la direction réelle de la CNT-FAI, ont trahi la révolution, tandis que la base, soit les forces réelles et vivantes de l’anarchisme, ont tenté de la faire. Là encore, le point de vue pèche par schématisme. S’il est indiscutable que l’élan révolutionnaire, la volonté de forger un autre monde, fut l’élément moteur de la participation des libertaires à la résistance au coup d’État militaire, si le mouvement de collectivisation des usines et des terres fut, pour une très large part, spontané, si l’enthousiasme populaire souleva les montagnes et créa, du jour au lendemain, les bases du communisme libertaire, il n’en demeure pas moins que l’approche basiste mythifie la pureté des masses, car celles-ci n’étaient pas souvent très éloignées des « élites » quant à la question des « circonstances ». Si elles l’avaient été à ce point, comme le supposent, de façon un peu idéaliste, Richards, Semprún Maura et Paz, il reste à expliquer, ce que nul ne fait, l’absence quasi totale de sécessions contre les organes dirigeants de la CNT-FAI. Force est de constater qu’il n’y en eut point, ce qui contredit assez largement la thèse d’une direction déjà corrompue et d’une base toujours saine. Il serait, sans doute plus judicieux, quoique moins confortable idéologiquement, de dire que, la question des « circonstances » demeurant non résolue, l’anarchisme espagnol a failli collectivement, de haut en bas et de bas en haut, que la guerre – c’est-à-dire, selon la définition de Clausewitz, la continuation de la politique par d’autres moyens – l’a achevé, et qu’elle l’a achevé parce que la CNT ne s’était pas imaginée la révolution dans le déroulement qu’elle connut, mais plutôt comme un débordement violent de volontés émancipatrices, une mise à bas des structures d’oppression et une marche ascendante vers l’Âge d’or. Autrement dit, l’anarchisme espagnol, tel qu’il prévoyait le processus révolutionnaire, tel qu’il s’était constitué après un siècle de luttes, n’était pas capable de penser la guerre et de vaincre dans les « circonstances » qui lui étaient imposées [3]. Paz semble ne pas vouloir perdre l’enthousiasme de ses années de jeunesse. Pour lui, l’erreur tient à la trahison de l’idée même de révolution. S’il manifeste une mansuétude assez étrange pour Federica Montseny – qui fut pourtant la spécialiste de tous les renoncements après, il est vrai, avoir toujours hésité, non à renoncer, mais à le faire « au nom des principes de la responsabilité militante », comme le dit plaisamment l’auteur, et à s’en excuser tout au long d’un exil d’orthodoxie retrouvée –, il met, dans le même sac de la forfaiture, Santillán et García Oliver. Paz refuse le dilemme « collaboration démocratique » ou « dictature anarchiste ». Il y voit un faux débat, une sorte de jeu de rôles. L’anarchisme, nous dit-il, aurait dû être anarchiste, un point c’est tout, c’est-à-dire, à bien le comprendre – ce qui n’est pas toujours facile –, se dissoudre organiquement dans le prolétariat en armes et alimenter en militants aguerris les structures d’auto-organisation qu’il se donnait. Autrement dit, la CNT-FAI, comme organisation séparée du prolétariat, n’avait plus de raison d’être, puisque le prolétariat venait de rejoindre massivement l’anarchisme dans la révolution. Quoique esthétiquement séduisante, la thèse, comme toujours chez Paz, est courte. Elle est surtout tout à fait invraisemblable, eu égard à la simple observation des faits : une organisation ne se dissout pas quand la preuve vient d’être faite de son utilité. Que le modèle de Paz soit la Commune de Paris [4], où le mouvement insurrectionnel a créé ses propres organismes de fonctionnement, prouve, une fois de plus, qu’il n’a pas la fibre historienne, incapable qu’il est de percevoir l’extraordinaire différence entre deux situations et la supériorité indiscutable, à tous les points de vue, du prolétariat espagnol de 1936 sur le peuple parisien de 1871 !
Et Durruti ? Paz y voit, au cours de ces journées un peu chaotiques qui suivirent l’écrasement de la rébellion fasciste à Barcelone, la preuve qu’il était une autre voie possible. On voudrait le croire, mais sa démonstration n’est pas vraiment convaincante. Il assiste à la première réunion du Comité central des milices, premier organe de « collaboration démocratique », comme représentant de la CNT, puis part vers Saragosse à la tête de sa colonne. Il exprime des désaccords sur la poursuite du combat, de la méfiance vis-à-vis du gouvernement républicain, des préférences stratégiques pour la guerre de guérillas, mais, contrairement à ce que veut faire croire Paz, obsédé par le rôle d’opposant résolu à la « collaboration démocratique » qu’il voudrait le voir jouer, Durruti ne défend pas clairement une autre ligne : il subit et, tant bien que mal, s’adapte. Cette capacité d’adaptation ne saurait signifier qu’il accepte de bon cœur ce qui est en train de se passer, cette modification substantielle du rapport des forces à l’intérieur du camp républicain, mais il n’entre pas en conflit avec la direction de la CNT-FAI, il ne s’oppose pas, il avance, comme il peut, déçu, mal armé, déterminé à reprendre Saragosse aux fascistes et, en avançant, il fait avancer la révolution sociale en Aragon, ce qui n’est déjà pas si mal. Que Durruti ait senti, alors, que la révolution fût en danger, la chose est certaine ! Qu’il ait eu une vision claire de ce qu’il fallait faire pour éviter un Thermidor, il semble, pour le moins, aventureux de l’avancer, comme le fait Paz. Durruti était un homme d’action, un homme de parole, un anarchiste résolu, mais il comptait peu comme tête pensante. Instinctif, il sentait que la révolution ne tiendrait pas ainsi, et, là encore, l’intuition est méritoire, pas la peine d’en rajouter. Quand se dissout le Comité central des milices, quand la CNT décide de participer au gouvernement de la Généralité, quand est adopté le décret de militarisation des milices, quand la CNT accepte d’entrer au gouvernement de la République, Durruti est contrarié, mais il s’adapte. Il proteste, mais ne rompt pas. Paz, toujours dans l’intention de distribuer les bons points, scrute, épluche, publie les déclarations de son héros. Il y trouve sans doute quelques raisons d’espérer que la légende de Durruti devienne celle de l’intransigeance révolutionnaire, mais il n’y parvient pas. Buenaventura se contenta de mener de front la guerre et la révolution, malgré les entraves et les doutes. Exiger davantage de lui, c’est outrepasser l’analyse des faits.
Au fond, Durruti était un militant discipliné, trop peut-être, un homme de devoir. À la fin, il se rangeait toujours aux désirs de l’Organisation, non sans avoir rouspété d’abord, certes, mais il y allait. C’est exactement dans cette disposition d’esprit qu’il s’est rendu à Madrid pour y mourir. En bon milicien, en bon soldat, en bonne victime de la réputation qu’on lui avait faite. Felipe Alaiz, intellectuel libertaire subtil, comparaît le culte de l’héroïsme à un numéro de cirque où le public, insatiable, en demande toujours davantage au trapéziste jusqu’à souhaiter, par désir inconscient, qu’il s’écrase sur la piste. Cette espèce de tyrannie-là joua aussi bien contre Durruti – et Ascaso : ni l’un ni l’autre ne pouvaient démériter. Pour exister, ils devaient être ce qu’on voulait qu’ils fussent. Jusqu’à la mort.
Abel Paz, à sa façon un peu brouillonne, a poursuivi dans cette voie. Son livre, non dénué d’intérêt par certains aspects (son interprétation des différentes versions de la mort du héros, les tentatives avortées d’extension de la guerre civile au Maroc et au Portugal, la mainmise du stalinisme sur l’Espagne), est un chant d’amour. On doute, cependant, qu’il apporte quelque chose de nouveau et d’original à la compréhension du personnage et des événements qu’il a traversés, riches pourtant d’enseignements pour quiconque s’entête à croire à un autre futur. La légende y gagnera ; la vérité – si tant est qu’elle existe – sûrement pas.
José FERGO