■ Daniel COLSON
L’ANARCHISME DE MALATESTA
suivi de L’Anarchie, À propos de Pierre Kropotkine
et Réponse à la Plate-Forme, trois textes d’Errico Malatesta
Illustrations de Marion Gurcel
Lyon, Atelier de création libertaire, 2010, 176 p.
En quoi la pensée et l’action d’Errico Malatesta (1853-1932) excèdent les catégories, historiquement admises mais fort contestables, distinguant trois formes d’anarchisme : l’anarcho-syndicalisme, le communisme libertaire et l’individualisme ? Pour Daniel Colson, qui se livre à une lecture attentive de trois textes essentiels de l’anarchiste italien, c’est sûrement qu’il inscrivit l’une et l’autre – la pensée et l’action – dans une perspective clairement « politique » fondée sur le concept de « volonté humaine », mais c’est aussi, ce qu’on ignore plus volontiers, que l’étroite liaison opérée, sa vie durant, entre l’une et l’autre, permit à Malatesta d’élaborer une réflexion en mouvement, toujours ouverte aux échos du « moment actuel » et à l’ensemble des idées et des pratiques anarchistes de son temps. À travers cette brillante immersion philosophique dans l’univers conceptuel malatestien, Daniel Colson, qui en situe parfaitement les éléments constitutifs et les points de tension, dessine un portrait intellectuel tout à fait séduisant – et bigrement convaincant – de ce « révolutionnaire non pas professionnel, mais à plein temps » convaincu que, tout se rejouant sans cesse, c’est de vivre qu’il s’agit, « avec toute la combativité possible » et « ne sacrifiant ni le présent à l’avenir, ni l’avenir au présent ».
Freddy GOMEZ