■ La période estivale est toujours pleine de surprises. Positives ou négatives. Ça dépend du bon ou du mauvais vent qui souffle, du plaisir ou de l’ennui qui naît du temps libéré de l’habitude, des rencontres que l’été favorise ou contrarie, du ressenti caniculaire, de la douleur que l’on peut éprouver – métropolitains que pour beaucoup nous sommes encore – en constatant, de visu, la souffrance de la Terre-Mère, si évidente en bien des endroits de migrations vacancières.
Pour les militants ou activistes – on ne sait plus comment dire désormais tant les termes se confondent dans la langue déconstruite alors qu’ils sonnaient si différemment selon qu’on se définissait, il n’y a pas très longtemps, comme relevant de tel ou tel identifiant –, la vacance d’un temps émancipé des occupations de travail, pour ceux qui en ont, est aussi l’occasion de participer, en militants ou activistes, à des colloques, salons, universités d’été et autres événements collectifs.
Dans la mouvance à laquelle nous appartenons – les anti-autoritaires, anarchistes ou/et marxiens critiques –, l’attention était portée, cette année, vers les Rencontres internationales anti-autoritaires de Saint-Imier (Jura suisse), censée célébrer, du 19 au 23 juillet, le 151e anniversaire de la fondation, en ce même lieu, de l’Association internationale des travailleurs (anti-autoritaire) en 1872.
Hélas, les informations qui nous en sont vite venues, émanant de camarades et amis de confiance, attestaient, sur le mode sotto voce, pour certains, et molto vivace, pour d’autres, d’une véritable foire d’empoigne. Ainsi on nous instruisit d’emblée d’un climat tout sauf fraternel/sororal où, à l’abri de la « bienveillance » dont ils savaient pouvoir bénéficier de la part de la Team Care de ces Rencontres, des allumé(e)s du postanarchisme tendance queer, s’étaient mis en tête de décider de ce que l’anarchiste Lambda ou le simple visiteur de passage devait lire – ou pas – en se proposant, au nom d’une très autocentrée vision du monde, d’épurer la table de presse de la Fédération anarchiste de certains livres qui, à leurs yeux, ne méritaient que destruction ou autodafé. Un comble en terre d’anarchie (suisse) ! Sans doute faut-il se réjouir que, dans ce naufrage des principes, plusieurs organisations anti-autoritaires, éditeurs et participants aient réagi, rapidement et fermement, à cette prétention exorbitante en exprimant publiquement le dégoût que leur inspiraient de telles pratiques [1].
Le texte de Tomjo & Mitou que nous publions, ici, « Mes vacances à Saint-Imier chez les agresseurs bienveillants », est repris du site « Pièces et Main-d’œuvre ». Il s’agit, à notre avis, d’une analyse éclairante, parfois drôle et plutôt roborative de cette constatable dérive ultra-sectaire d’un postanarchisme parfaitement déconstruit à force d’avoir trempé dans les eaux glacées de la French Theory.
À contretemps